Bougies et encens, sans danger ?

09/08/2018

Bougies et encens, sans danger ?

S’ils sont plébiscités pour parfumer nos intérieurs, les bougies et les bâtonnets d’encens ne sont pas forcément sans danger. Quels sont les risques et comment s’en prémunir?

Si l’on parle souvent de pollution environnementale, il est aujourd’hui de notoriété publique que l’air intérieur est aussi pollué, voire plus, que l’air extérieur. Dans un plan d’actions publié en 2013, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) prévoyait de travailler sur l’information et l’étiquetage de certains produits de consommation les plus émetteurs de polluants volatils (en particulier les désodorisants et les produits ménagers). Rappelons que bougies et encens utilisé pendant les séances de yoga avaient déjà été pointés du doigt comme étant polluants pour nos intérieurs, sans que les études réalisées ne soient probantes d’un point de vue expérimental, les émissions de ces produits ayant été caractérisées dans des conditions parfois très différentes (pièces réelles, chambre d’essai d’émission normalisées, chambre d’essai spécifiques) rendant la comparaison délicate et l’interprétation limitée.

Emissions polluantes

Dans cette nouvelle étude, l’ADEME a mesuré les émissions de polluants volatils et particulaires de neuf bâtons d’encens, de neuf bougies parfumées et d’une lampe à catalyse issus du marché français. Réalisé dans une chambre reproduisant les conditions réalistes d’utilisation, cette étude a montré que l’utilisation des bâtons d’encens se traduit ainsi par des concentrations élevées en benzène, toluène, éthylbenzène, styrène, formaldéhyde, acétaldéhyde et acroléine, des molécules polluantes et délétères pour notre organisme. Du côté des bougies, l’ADEME a mesuré des niveaux de polluants volatiles plus faibles que les encens mais plus persistants (surtout pour le formaldéhyde), laissant penser que les bougies continuent d’émettre des polluants une fois éteintes. Ainsi, les désodorisants d’intérieur à combustion, notamment les encens et les bougies parfumées, ont été identifiés comme des sources significatives de polluants gazeux et particulaires dans l’air intérieur. Sur la base des concentrations mesurées en conditions réelles et des résultats d’un sondage national sur les usages d’encens et de bougies, une démarche d’évaluation des risques sanitaires a été mise en œuvre, selon les pratiques classiquement observées en France.

Limiter l’usage et sensibiliser

Il en ressort qu’aucune situation préoccupante n’est attendue pour les expositions chroniques associées aux usages les plus courants mais que certaines pratiques (fonction des fréquences et durée d’utilisation, de produits cumulés et de certaines caractéristiques environnementales) peuvent conduire à des expositions chroniques dépassant les valeurs repères usuelles principalement pour les encens. Un constat qui a poussé l’ADEME à suggérer un besoin de limiter l’utilisation de ces produits en s’appuyant sur une sensibilisation du public aux bonnes pratiques d’utilisation par exemple en pratiquant une aération postérieure et un usage modéré de ce type de produits. L’Agence environnementale insiste aussi sur la sensibilisation de certaines populations (femmes enceintes, jeunes enfants, personnes asthmatiques, etc.) et se pose la question de réglementer la vente des produits les plus émissifs. Des études complémentaires sont souhaitables pour approfondir les connaissances sur les émissions et les effets des substances émises par les désodorisants combustibles. « Les substances liées aux parfums générés pourraient faire partie des substances à considérer en priorité », conclut l’étude.

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